Depuis longtemps maintenant j’essaie d’opérer des changements dans mes modes de consommer, pour que ce soit local, respectueux de toutes les personnes participant à la création du produit sur toute la chaîne, durable. Bref je fais de mon mieux. Mais le petit colibri de la fable a priori s’habille en 36/38.
En effet, à chaque fois que j’ai aperçu une marque produisant du textile de façon équitable les vêtements atteignaient difficilement le 46. Au début je faisais un commentaire sous la publication, j’envoyais un message, toujours la même réponse : merci pour l’intérêt que vous portez à notre marque, c’est très difficile de sortir des vêtements, on ne peut pas faire toutes les tailles, mais si déjà cette collection marche, on essaiera de proposer plus de tailles. Sans surprise, il n’y a jamais eu de tailles plus grandes. Parfois la marque n’a pas réussi à percer. Je ne pouvais pas m’empêcher de me dire : mais pourquoi ils ne s’intéressent pas à nous les gros.ses. Nous aussi on aimerait bien consommer mieux.
C’est déjà pas facile de vouloir s’habiller avec autre chose qu’une legging et une robe large avec un gros imprimé immonde que même ma grand-mère aurait refusé.
Heureusement aujourd’hui on est plus en 1998. Il y a quand même quelques marques sympa, plutôt en ligne qui nous permettent de trouver des choses chouettes. Mais combien d’entre-elles font de la fast fashion ? Presque toutes. Alors en plus de vivre avec la grossophobie, on doit rajouter à cela la culpabilité de ne pas pouvoir jouer les colibris et aider en consommant mieux, car a priori on est dans l’angle mort des marques qui produisent mieux.
C’est extrêmement violent de s’entendre constamment reprocher son corps et en même temps être invisibles, inexistant.e.s, jamais présent.e.s dans les rayons.
Quand j’ai découvert le projet de House of Saintesprix ça me paraissait évident que je voulais le soutenir. Une marque faisant de la slow fashion et voulant être non genrée et offrant une fourchette de tailles tellement plus large. C’est un sacré défi. Un beau défi. Priscilla m’a donné la possibilité d’oser le croptop, de m’autoriser un look différent de ce que finalement les grandes marques faisant de la grande taille m’imposent. On a besoin de marques comme ça, offrant des choses différentes, un peu moins lisses, qui assument dans leur présentation de vouloir brûler le patriarcat.
Pepina Van De Kamp